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L'évolution du paysage des risques pour les entreprises européennes cotées

Les grandes entreprises européennes sont confrontées à un paysage de risques de plus en plus caractérisé par des risques externes, financiers, opérationnels et stratégiques interconnectés, très sensibles aux changements de l'environnement mondial. Les tensions géopolitiques, la volatilité des marchés financiers, la perturbation des chaînes d'approvisionnement et l'incertitude macroéconomique agissent aussi bien sur les causes et les effets de ces risques
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Les grandes entreprises européennes sont confrontées à un paysage de risques de plus en plus caractérisé par des risques externes, financiers, opérationnels et stratégiques interconnectés, très sensibles aux changements de l'environnement mondial. Les tensions géopolitiques, la volatilité des marchés financiers, la perturbation des chaînes d'approvisionnement et l'incertitude macroéconomique agissent aussi bien sur les causes et les effets de ces risques. 

Marsh a analysé plus de 1 650 rapports annuels d'entreprises européennes cotées sur l'exercice fiscal 2020 (publié en 2021) afin de fournir un aperçu des risques les plus fréquemment signalés dans 14 pays, sur la base de résultats agrégés et individuels. (Les données du Danemark, de la Finlande, de la Norvège et de la Suède ont été agrégées et référencées pour ne former qu’un seul pays, les " Nordics "). Nos résultats révèlent un large consensus sur l'importance des risques financiers fondamentaux, tandis que les risques non financiers deviennent plus importants et plus fréquemment signalés que par le passé.

Les profonds boulversements - tels que la transformation numérique en cours et l'augmentation des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) - qui touchent la plupart des secteurs, sinon tous, signifient que les entreprises doivent adapter leurs stratégies commerciales pour rester pertinentes et éviter les dommages financiers et de réputation. La dépendance croissante à l'égard des systèmes informatiques et des infrastructures numériques a accru la menace et l'impact des cyberattaques. La pandémie de COVID-19 a aussi entraîné des changements dans le comportement des employés et des consommateurs.

Aperçu des 10 principaux risques européens

Risques financiers

Les risques financiers sont restés en tête des préoccupations des entreprises européennes. Près des trois quarts (70 %) des entreprises interrogées ont fait état de risques financiers liés à la liquidité, au crédit, au taux de change et aux taux d'intérêt. Les exigences des normes comptables internationales et des normes d'information financière (IAS/IFRS), ainsi que celles définies par les bourses nationales, sont les principales raisons pour lesquelles les entreprises citent les risques financiers plus que tout autre types de risques.

Dans 7 pays sur 11, un ou plusieurs risques financiers étaient le ou les risques le plus fréquemment signalés, le risque de change étant le plus important. Une évolution défavorable des taux de change sur les marchés des capitaux, entre le moment où la relation commerciale est établie et celui de la transaction, peut engendrer des coûts supplémentaires et poser des problèmes de planification pour les secteurs dotés de chaînes d'approvisionnement mondiales complexes et ayant des clients et des fournisseurs clés à l'étranger, tels que l'industrie manufacturière, l'automobile, les produits chimiques et les sciences de la vie, l’alimentaire, ainsi que le secteur technologiques.  

Les données ont également montré une tendance à la hausse dans le reporting 2020 des entreprises ayant cité ces risques financiers par rapport à 2019. Le financement durable ou "vert" a une influence sur les risques de crédit, de liquidité et de taux d'intérêt. Il peut même être considéré comme créant de nouvelles opportunités - le rapport Oliver Wyman/CDP Europe montre que les banques représentant 95 % de tous les prêts aux entreprises européennes ont l'ambition d'aligner leurs prêts et leurs investissements sur les objectifs de l'accord de Paris. 

Risques de pandémie

L'impact profond du COVID-19 a été sans précédent pour les acteurs politiques et commerciaux, mettant à l'épreuve la résilience des entreprises et révélant les vulnérabilités et les interdépendances de l'ensemble de la chaîne de valeur. La pandémie a perturbé la capacité des entreprises à fonctionner en raison des impacts sur la main-d'œuvre, des difficultés sur la chaîne d'approvisionnement, de l'accès aux clients et d'une série de réglementations, le tout se déroulant de manière inégale sur les territoires d'exploitation des multinationales européennes.

Les données ont montré que les risques économiques, sociaux et financiers liés à la pandémie de COVID-19 étaient le deuxième risque le plus fréquemment signalé dans tous les pays et figuraient parmi les cinq principaux risques dans 8 des 11 pays. 

Risques liés à l'incertitude du macro-scénario

Les risques liés à l'incertitude du macro-scénario découlent de la dynamique du marché, des tendances sociétales ou de l'instabilité financière et politique. Dans une large mesure, ces risques externes peuvent être anticipés, surveillés et atténués, mais pas contrôlés. L'effet d'entraînement de l'incertitude du macro-scénario peut également jouer dans l'accélération ou la gravité des risques opérationnels, financiers et stratégiques.

Les changements liés aux performances économiques et aux marchés financiers locaux et mondiaux, ainsi que les évolutions politiques et sociétales, constituent autant d'opportunités que de menaces pour les entreprises, certaines, comme la pandémie de COVID-19, se développant avec des effets d'entraînement à une vitesse et une ampleur surprenantes. Des gouvernements interventionnistes, des troubles politiques ou de mauvaises performances économiques peuvent entraîner une incertitude accrue.

Plus de la moitié (51 %) des entreprises étudiées ont fait état de l'incertitude liée au macro-scénario dans leur rapport annuel 2020. La Belgique, l'Italie, la Pologne et la Turquie ont placé l'incertitude liée au macro-scénario dans le top 5 des risques les plus fréquemment signalés ; elle s'est placée dans le top 10 des risques pour 9 des 11 pays.

Risques réglementaires

Les risques réglementaires se classent au quatrième rang dans l'étude de cette année, sans changement par rapport à 2019, bien que le nombre d'entreprises ayant signalé ce type de risque ait augmenté. Les risques réglementaires sont particulièrement prononcés pour les entreprises opérant à l'échelle mondiale et soumises à de multiples juridictions et législations. Les cadres réglementaires nouveaux et émergents liés à l'ESG et la rapidité avec laquelle les réglementations ont été adoptées pendant la pandémie soulignent l'importance de la préparation aux risques externes pour éviter les répercussions financières et juridiques. La taxonomie de l'Union Européenne - un système de classification verte qui traduit les objectifs environnementaux de l'Union européenne en critères clairs pour les activités économiques durables - est entrée en vigueur en 2020, ouvrant la voie à des plans d'action et des cadres pratiques pour les entreprises, les institutions financières et les gouvernements. 

Le risque réglementaire figure parmi les trois principaux risques en Autriche, dans les pays nordiques et en Espagne, et occupe la première place en France, où il a été cité par 65 % des entreprises interrogées.  

Les secteurs qui ont fréquemment fait état de risques réglementaires étaient les institutions financières, l'électricité, les produits chimiques et les sciences de la vie, ainsi que l'industrie manufacturière. Basel III, RGPD, et les nouvelles réglementations ESG sont des exemples importants qui doivent être surveillés et mis en œuvre par les institutions financières, ainsi que la législation à l'horizon, comme la loi sur la résilience opérationnelle numérique (DORA). 

Risques liés au capital humain

La pandémie de COVID-19 a mis en évidence le capital humain en tant qu'actif fondamental des entreprises et a déclenché un mouvement mondial vers le travail hybride, rendant les entreprises de plus en plus conscientes des risques liés aux personnes. Près de la moitié (44 %) des entreprises interrogées ont fait état du capital humain dans leur rapport annuel 2020, contre 35 % en 2019. Une nouvelle approche de la gestion des risques liés aux personnes devrait découler de la collaboration des professionnels des Ressources Humaines et des risques afin de créer un environnement de travail productif pour attirer et retenir les meilleurs talents sur le marché. 

À l'exception de l'Espagne, les risques liés au capital humain se classent dans le top 10 de tous les pays étudiés, l'Autriche, les Pays-Bas et la France le classant dans leur top 3 des risques.

Risques de concurrence

Dans 8 pays sur 11, la concurrence a été reconnue comme un risque important, avec une sixième place dans le classement général des 10 premiers risques. Elle n'a pas été identifiée dans le classement des 10 premiers risques en Autriche, en Belgique ou en Turquie. 

Risques juridiques et de conformité (J&C)

Les risques découlant de la violation ou de l'impact défavorable des réglementations, des sanctions, des lois antitrust et des litiges juridiques peuvent causer de graves dommages financiers, opérationnels et de réputation. C'est pourquoi les risques J&C restent une préoccupation fréquente, signalée par plus de 40% des entreprises. Les secteurs qui ont le plus souvent mis en avant les risques J&C sont les institutions financières, la technologie et le secteur de la chimie et des sciences de la vie.

En 2021, 38 actions ont été intentées contre des entreprises du monde entier sur la base du changement climatique. Par exemple, un tribunal néerlandais a décidé que Shell devait réduire ses émissions de 45 % d'ici 2030, une accélération de l'engagement existant de l'entreprise. 

Les consommateurs et les groupes d'activistes s'intéressent de plus en plus aux actions déclarées qui sous-tendent les affirmations d'une entreprise, notamment en ce qui concerne les questions ESG. Les atteintes à la réputation constituent une menace pour les résultats d'une entreprise, mais peuvent tout autant attirer les talents sur un marché du travail compétitif. Malgré ces évolutions, les risques J&C se classent au septième rang, alors qu'ils occupaient la deuxième place en 2019. 

Les inquiétudes concernant les risques J&C sont particulièrement prononcées en Autriche, en Belgique, aux Pays-Bas et en Turquie, où ils figurent parmi les trois risques les plus fréquemment signalés. 

Risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG)

Le paysage des risques ESG comprend des risques bien connus que les entreprises anticipent et gèrent depuis de nombreuses années, notamment la santé et la sécurité des employés, les événements liés aux catastrophes naturelles et la planification des mesures d'urgence et de la chaîne d'approvisionnement. L'ESG comprend toutefois des risques moins établis liés à la biodiversité, à la déforestation, à la diversité et à l'inclusion, à la protection de la vie privée et des données, à la transition énergétique et à d'autres risques qui sont de plus en plus surveillés par les parties prenantes des entreprises. 

Au cours des dernières années, et mis en lumière par la pandémie, les risques ESG ont attiré l'attention des dirigeants d'entreprise en raison de la pression croissante exercée par les décideurs politiques et les autres parties prenantes. Parmi les entreprises étudiées, 35 % ont fait état de risques ESG en 2020, la fréquence étant la plus élevée en Belgique, dans les pays nordiques et en Turquie, où les risques ESG se sont classés en deuxième position. Cependant, dans la plupart des pays, les risques ESG ne figuraient pas dans le top 10 des risques, malgré leur large impact.

Risque lié à la définition et à la mise en œuvre de la stratégie

L'alignement de la gestion des risques sur la stratégie commerciale favorise l'agilité d'une entreprise en cas de chocs, comme une pandémie mondiale, et peut lui permettre de rebondir plus rapidement que ses concurrents. Cela permet également d'atténuer les risques financiers, les interruptions d'activité et les atteintes à la réputation. 

Les données de 2020 ont montré que les grandes entreprises internationales sont confrontées à une multitude de risques financiers et non financiers qui sont parfois liés entre eux et peuvent menacer les modèles d'entreprise et la mise en œuvre de la stratégie. Si la transformation numérique en cours permet la collecte de données pour une meilleure prise de décision, des gains d'efficacité liés à la production et/ou un meilleur accès aux clients, elle s'accompagne également d'un risque cyber accru, de concurrents inattendus et de nouvelles opportunités de marché.

Les risques découlant d'une stratégie commerciale défavorable ou de l'incapacité à mettre en œuvre des stratégies fondamentales ont été signalés par 34 % des entreprises enquêtées en 2020, contre 41 % en 2019. Le risque lié à la définition et la mise en œuvre de la stratégie faisait partie du classement des 10 premiers en France, en Grèce, en Italie, en Espagne et aux Pays-Bas, et était bien classé pour les secteurs des institutions financières, de la technologie, du commerce de détail et de l'automobile. 

Risques clients

Environ un tiers des entreprises ont signalé des risques liés aux clients dans leur classement des 10 premiers risques, notamment les changements de comportement des consommateurs, les comportements hostiles à l'encontre d'une entreprise et les dépendances à l'égard des clients individuel. Ces risques ont gagné en importance depuis 2019, où ils ne figuraient pas parmi les 10 premiers risques ; en 2020, ils ont été inclus dans le classement des 10 premiers risques en Autriche, en France et en Pologne.

Comment le paysage du risque est-il susceptible de changer 

Les risques financiers continuent de dominer le classement des risques dans les grandes entreprises européennes, en partie en raison des obligations de divulgation prévues par les normes IAS/IFRS, mais aussi parce que la gestion du risque de crédit, des risques de change, des risques de liquidité et des risques de taux d'intérêt sont des principes commerciaux fondamentaux. 

Bien que toutes les entreprises interrogées aient été touchées par le COVID-19, seules 57 % d'entre elles ont choisi de signaler le risque de pandémie dans leur rapport annuel. Dans certains pays - dont la Belgique, l'Espagne et les Pays-Bas - de nombreux risques non financiers ont été plus fréquemment signalés. Cela pourrait être dû à des facteurs tels qu'une forte confiance dans la gestion du risque de pandémie à l'avenir, un accent mis sur les risques qui ont été exacerbés par la pandémie mais pas étiquetés comme tels, notamment le risque lié au capital humain ou l'incertitude du macro-scénario, ou encore une faible perception du risque par l'entreprise. 

Le risque cyber continue de croître à l'échelle mondiale. Cependant, on observe une baisse du pourcentage d'entreprises signalant un cyber-risque, qui passe à moins d'un tiers en 2020, contre 40 % en 2019. Et ce, malgré la poursuite de la numérisation dans la plupart des secteurs d'activité et la poussée des transactions commerciales virtuelles, des transactions et d'une infrastructure informatique étendue avec une augmentation du nombre d'employés travaillant à domicile.

Les données ont montré peu de progrès dans la fréquence et la perception des risques ESG, avec environ un tiers des entreprises faisant référence à un ou plusieurs risques ESG dans leurs rapports annuels 2020. La nouvelle directive sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD), qui est en cours d'introduction dans l'Union européenne, obligera près de 50 000 organisations à commencer à rendre compte d'une série de données non financières à partir de 2023.

Compte tenu de la poursuite du conflit en Ukraine et des risques géopolitiques connexes, il est probable que l'incertitude liée au macro-scénario, l'interruption de la chaîne d'approvisionnement et l'inflation en cours resteront instables tant que le conflit persistera. 

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