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Trop chaud pour travailler : assurer le secteur de l’agriculture contre la chaleur

L’Organisation internationale du travail estime que, d’ici 2030, 2 % du total des heures de travail mondiales sera perdu annuellement parce qu’il fera trop chaud pour que les gens puissent travailler, ou parce qu’ils devront travailler à un rythme plus lent.
crops on drought farm

La gravité et la prévalence accrues des vagues de chaleur extrême intensifient les conditions défavorables pour les travailleurs à l’extérieur. Les secteurs comme ceux de l’agriculture et du bâtiment pourraient devoir analyser les possibilités qu’ils aient à faire face à de nouveaux risques ainsi qu’à des risques et des perturbations accrus, et rechercher des façons de les atténuer.

L’Organisation internationale du travail estime que, d’ici 2030, 2 % du total des heures de travail mondiales sera perdu annuellement parce qu’il fera trop chaud pour que les gens puissent travailler, ou parce qu’ils devront travailler à un rythme plus lent. Cela représente une perte de productivité équivalente à 80 millions d’emplois à temps plein, pour un coût exorbitant de 2,4 billions de dollars américains.

Selon l’Organisation internationale du travail, les travailleurs du secteur agricole et du bâtiment devraient être les plus touchés, représentant respectivement 60 et 19 % des heures de travail perdues en raison du stress thermique en 2030. En comparaison, ce nombre était de 6 % pour le secteur du bâtiment en 1995. Bien que le pourcentage d’heures perdues attribuées à l’agriculture ait quant à lui diminué de 83 % à 60 %, ce secteur est toujours de loin le plus touché.

Les travailleurs agricoles représente une partie importante de la main-d’œuvre mondiale et sont particulièrement susceptibles d’être affectés par les effets de la chaleur extrême. Environ 27 % des travailleurs mondiaux sont employés dans l’agriculture, mais cela varie grandement d’une région à l’autre : 75 % des Tchadiens et 80 % des Somaliens, par exemple, sont des agriculteurs, par rapport à moins de 1 % des Belges. Nous constatons de plus en plus d’inquiétudes de la part des clients qui opèrent dans ces régions plus vulnérables en ce qui concerne l’impact préjudiciable de la chaleur extrême sur les chaînes d’approvisionnement, soit en raison de l’absentéisme dû à la chaleur, soit en raison de la fragilité de l’infrastructure.

On observe une augmentation de l’impact de la chaleur sur l’agriculture mondiale en particulier : selon les prévisions, une part représentant jusqu’à trois quarts de la production alimentaire mondiale actuelle sera exposée à des risques liés à la chaleur extrême d’ici 2045.

Le rôle de l’assurance

Les risques posés par la chaleur commencent à être reconnus par les assureurs et les organismes de réglementation. L’agence de notation Moody’s a analysé 5 000 entreprises cotées en bourse sélectionnées à travers le monde et a déterminé que les risques physiques posés par le stress thermique et le stress hydrique menacent la plus grande proportion d’actifs à travers l’ensemble des secteurs.

Couvrir ces risques se hisse progressivement au sommet des listes de priorités, mais les déclencheurs d’assurance ne sont pas actuellement établis pour des risques chroniques comme la chaleur, qui s’accroissent sur des périodes étendues. C’est là que l’assurance paramétrique peut être très utile, car les fonds peuvent être payés beaucoup plus rapidement que dans le cas des programmes d’assurance traditionnels.

Les assureurs doivent également tenir compte du profil de risques complexe de ces secteurs. Par exemple, les risques pour l’agriculture industrielle de masse dans le Nord mondial sont bien documentés. Cela dit, les agriculteurs de petite envergure, les coopératives en croissance et les agriculteurs de subsistance sont parmi les plus exposés aux effets du climat dans la société.

Par ailleurs, cet effort n’est pas sans obstacles. L’assurance est un produit conçu pour les marchés matures, et de nombreuses régions agricoles ne sont pas couvertes par les méthodes de distribution existantes. Il y a aussi la question de la confiance : pourquoi renoncer à des revenus aujourd’hui pour se protéger contre des événements futurs qui pourraient ne pas se produire?

La chaleur extrême peut avoir des effets dévastateurs dans l’ensemble de la société, mais les travailleurs agricoles et les autres ouvriers et gens de métier qui travaillent souvent ou toujours en plein air sont très exposés aux dangers qu’elle pose. Notre monde en réchauffement exige des mesures urgentes et immédiates pour nous assurer de protéger ces contributeurs qui sont parmi les plus vulnérables mais aussi parmi les plus importants pour l’économie mondiale, et les assureurs qui mettront l’accent sur l’innovation au niveau des produits sont bien placés pour aider ces groupes à renforcer leur résilience.