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Carte des risques politiques 2020 : mise à jour semestrielle

La COVID-19 a compliqué le paysage déjà instable du risque politique. Les zones de tension sur le plan géopolitique que nous avons mentionnées en mars 2020 sont encore bien présentes. 

Devant ce scénario, les Services spécialisés de Marsh JLT ont publié la Carte des risques politiques 2020 : Mise à jour semestrielle, qui présente des cotes pour neuf risques dans 197 pays, couvrant les conditions de sécurité, de négociation et d’investissement de janvier à juillet 2020. Les données sont tirées de World Risk Review, notre plateforme exclusive d’évaluation du risque-pays.

Notre carte interactive en direct vous permet de vérifier les cotes de risque des pays dans lesquels vous faites des affaires ou envisagez de le faire à l’avenir. 

Les répercussions économiques et sociales de la pandémie entraînent des changements importants dans le risque politique mondial. Elles introduisent de nouvelles dynamiques et accélèrent les mégatendances géopolitiques existantes, comme le protectionnisme et la transition vers un ordre mondial multipolaire.

L’intensification de la rivalité sino-américaine s’est accélérée depuis le début de la COVID-19. La politisation des relations commerciales et d’investissement s’est étendue à la santé publique, et les dirigeants des deux pays blâment régulièrement l’autre pour la pandémie.

La coopération entre la Chine et les États-Unis dans le cadre de la pandémie a été faible, et les tensions concernant la ZAS de Hong Kong, Taïwan et la mer de Chine méridionale se sont accrues. Comme prévu, les entreprises de technologie sont de plus en plus prises entre deux feux, alors que les pays sentent une pression géopolitique pour choisir leur camp.

En juillet 2020, le gouvernement du Royaume-Uni a annoncé que la technologie de l’entreprise chinoise Huawei serait bannie de ses réseaux 5G. À l’approche des élections présidentielles américaines, les relations risquent de se détériorer davantage.

Outre la rivalité sino-américaine, l’Inde et la Chine se sont livrées, ces derniers mois, à des affrontements à la frontière sino-indienne de l’Himalaya, au cours desquels au moins 20 soldats ont péri. Des tensions en péninsule coréenne se profilent également à l’horizon après que la Corée du Nord a coupé les lignes de communication avec le Sud et après l’explosion d’un bureau de liaison conjoint en juin 2020.

L’attention internationale accordée à la COVID-19 pourrait également masquer les tensions montantes entre l’Iran et les États-Unis. Les relations entre les deux pays demeurent fragiles, après l’attaque américaine menée par drone qui a tué un éminent général iranien en janvier 2020.

En juillet, deux avions de combat américains se sont approchés d’un avion de ligne iranien dans l’espace aérien syrien, et quelques jours après, les Gardiens de la révolution de l’Iran ont tiré un missile sur un porte-avions réplique dans le détroitde Hormuz.

Asie-Pacifique

Près des deux tiers (64 %) des pays de la région ont vu leur cote de risque économique augmenter de plus de 1 de janvier à juillet 2020. Au cours de la même période en 2019, aucun pays n’a connu une hausse de cette ampleur. Seulement 23 % des pays ont affiché un risque économique accru.

Moyen-Orient et Afrique

De nombreux gouvernements de la région sont confrontés à une dette et à des pressions budgétaires particulièrement fortes. Près de la moitié (47 %) des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique ont vu leur cote de risque économique augmenter de plus de 1 de janvier à juillet 2020.

Amériques

Plus de la moitié des pays des Amériques ont vu leur cote de risque économique augmenter de plus de 1 de janvier à juillet 2020. Les mesures de confinement en raison de la pandémie ont paralysé l’activité économique dans de nombreux États, tandis que certains ont dû composer avec l’effondrement des revenus du tourisme ou la faiblesse des prix des produits de base à l’échelle mondiale.

Impact économique mondial

Depuis janvier 2020, les 197 pays cotés sur la plateforme World Risk Review des Services spécialisés de Marsh JLT ont vu leur risque économique augmenter, comparativement à seulement 60 pays au cours de la même période en 2019. De plus, les cotes de risque ont augmenté de façon plus importante par rapport à la même période l’an dernier.

De janvier à juillet 2019, 97 % des cotes de risque économique ayant augmenté ont connu une hausse de 0,1 à 0,4, contre seulement 7 % en 2020 (voir la figure 1). En 2020, 40 % des cotes ont augmenté de 1 à 1,4. Aucun résultat n’a augmenté autant de janvier à juillet 2019.

Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une contraction de l’économie mondiale de 4,9 % en 2020. Alors que de nombreux gouvernements cherchent à assouplir les mesures de confinement de la pandémie, l’attention se porte sur la forme et l’ampleur d’une reprise économique.

Une reprise est cependant difficile à prévoir, étant donné l’incertitude considérable relative à la capacité des gouvernements à contenir et à gérer la COVID-19, en particulier sans vaccin.

Ces défis ont été exposés au cours des dernières semaines. Bien que les données économiques de l’Europe montrent des signes de reprise, les craintes d’une deuxième vague d’infections peuvent encore saper l’élan.

Par conséquent, la reprise après la COVID sera probablement inégale d’un pays et d’un secteur à l’autre. Les pays qui sont entrés dans la crise avec une assise plus fragile sont susceptibles d’être marqués plus profondément sur le plan économique, tandis que ceux qui peuvent mettre en place d’importantes mesures budgétaires et gérer efficacement le virus sont les mieux placés pour la reprise.

Les tensions commerciales sont également susceptibles de s’amplifier, si et quand une reprise économique mondiale s’installera. Les facteurs qui favorisent la montée du protectionnisme commercial demeurent en place et s’accentueront vraisemblablement à la suite de la détérioration des relations sino-américaines pendant la pandémie. L’accord commercial (phase 1) conclu entre les deux pays risque d’être abandonné, ce qui pose des risques pour la reprise après la COVID par rapport au volume d’échanges commerciaux.

À quelques exceptions près, les marchés émergents bénéficieront d’un retour récent à la stabilité sur les marchés financiers mondiaux, ce qui permettra à la plupart d’entre eux d’éviter les fortes pressions sur la balance des paiements causées par les sorties rapides de capitaux.

La pandémie aura cependant affaibli la viabilité de la dette à long terme sur de nombreux marchés émergents, tandis que les gouvernements engagent des dépenses supplémentaires et que la faiblesse de l’activité économique pèse sur les revenus.

Dans certains cas, comme en Afrique du Sud, la COVID-19 a accentué les faiblesses existantes des finances publiques, tandis que de nombreux pays producteurs de pétrole ont également été frappés par la baisse simultanée des prix mondiaux des produits de base.

Des finances publiques à bout de souffle pourraient également pousser certains gouvernements à rechercher d’autres sources de revenus, ce qui pourrait se traduire par des modifications contractuelles ou des expropriations dans des secteurs plus rentables.

Une possible dégradation des conditions d’exploitation pourrait résulter de changements réglementaires mis en place pour augmenter les redevances gouvernementales.

La pandémie fera sans doute croître les risques liés aux emprunts garantis par l’État au cours des prochains trimestres. De nombreux pays ont mis en place d’importantes mesures de relance budgétaire pour soutenir le secteur privé, financer des dépenses de santé supplémentaires et investir dans la reprise après la COVID, à un moment où les revenus de l’État sont en baisse.

Pour de nombreux marchés émergents, cela pèsera sur la viabilité de la dette. Au premier semestre de 2020, le tiers des décisions de notation des entités souveraines prises par Moody en lien avec la COVID-19 et tous les déclassements de dette souveraine visaient des marchés émergents.

Manifestations et instabilité gouvernementale

Les mesures de confinement à l’échelle nationale, les couvre-feux et les risques pour la santé en lien avec la COVID-19 ont réduit le risque de troubles civils ces derniers mois. Le début de la pandémie a grandement freiné les mouvements de protestation en cours, notamment au Chili et à Hong Kong, où le risque de manifestation perturbatrice était présent.

Toutefois, les facteurs sous-jacents de l’agitation de nombreuses économies, comme la baisse du niveau de vie, les inégalités et la corruption, sont toujours présents et pourraient être accentués par les répercussions économiques de la pandémie.

Avec l’assouplissement des mesures de confinement, certains mouvements de protestation reprendront sans doute, motivés par de nouvelles sources de mécontentement. Les tensions préexistantes seront exacerbées par la surveillance accrue des gouvernements justifiée par la gestion de la COVID-19.

Les gouvernements perçus comme n’ayant pas géré efficacement la pandémie pourraient être confrontés à des manifestations antigouvernementales, accroissant ainsi le risque d’instabilité. Le rétablissement des mesures de confinement accroît le risque de protestations perturbatrices, alors que la volonté de respecter les restrictions fléchit. En juillet 2020, par exemple, la Serbie a connu une vague de troubles à la suite de l’adoption de plans gouvernementaux visant à rétablir le couvre-feu la fin de semaine et de la gestion critiquée de la crise par le gouvernement.

Au premier semestre de 2020, la pandémie a fait ressortir l’injustice et les inégalités dans de nombreux pays, à la suite de la mort de George Floyd et d’autres personnes aux États-Unis, ce qui a déclenché une vague de protestations et de manifestations.

Selon le sondage réalisé par la Kaiser Family Foundation en juin 2020, le nombre de personnes ayant participé à des démonstrations au cours des trois mois précédant juin 2020 pourrait atteindre 26 millions, ce qui en fait le plus important mouvement de l’histoire des États-Unis.

À propos du présent rapport

La présente mise à jour de la carte des risques politiques 2020 repose sur les données de la plateforme World Risk Review de Services spécialisés de Marsh JLT. Notre plateforme d’évaluation du risque-pays exclusive fournit, pour 197 pays, des cotes pour neuf risques assurables, couvrant les conditions de sécurité, de négociation et d’investissement. Les cotes de risque sont mises à jour une fois par mois et sont établies selon une échelle de 0.1 à 10. La cote 10 représente le risque le plus élevé, et la cote 0,1 le risque le plus faible. 

Toutes les cotes de risque mentionnées dans le présent rapport ont été produites à partir de la plateforme World Risk Review de Services spécialisés de Marsh JLT. La cote de risque économique d’un pays est un indicateur de la propension au rajustement économique, y compris d’une dépréciation marquée, de l’inflation élevée et de l’augmentation du taux de défaillance du crédit des entreprises nationales. L’indice du risque économique par pays évalue le risque d’instabilité économique et ses effets potentiels sur les entreprises qui exercent leurs activités dans le pays ou le territoire.

  • High risk
  • 8.1-10.0
  • 6.1-8.0
  • 4.1-6.0
  • 2.1-4.0
  • < 2.1
  • Low risk
  • No Data
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