
Sanjeev Lakhera
Vice-président, Énergie et électricité
La transformation des déchets plastiques en carburant est désormais une réalité, grâce aux innovations dans l’application des procédés chimiques de pyrolyse et de gazéification. Plusieurs autorités locales au Royaume-Uni ont déjà accordé des permis d’aménagement pour des usines de conversion du plastique capables de traiter des plastiques mélangés, contaminés ou en film, qui ne peuvent être recyclés par les méthodes mécaniques traditionnelles.
Dans les articles précédents de cette série, nous avons présenté les technologies de conversion du plastique en carburant ainsi que les risques qu’elles comportent. Dans ce dernier volet, nous examinons les moyens de réduire ces risques.
Le choix d’un site approprié pour une usine de transformation constitue un aspect essentiel de la gestion des risques. Seuls les projets présentant des mesures d’atténuation des risques détaillées, des plans de restauration solides et un profil de risque global faible sont susceptibles d’obtenir un permis d’aménagement en premier lieu.
La sécurité opérationnelle doit être au cœur de l’ingénierie et de la conception d’une usine de transformation du plastique en carburant.
Les plages de température utilisées pour la pyrolyse et la gazéification des plastiques sont nettement plus élevées que celles des raffineries pétrolières traditionnelles, ce qui introduit un niveau de risque supplémentaire. Par exemple, ces températures élevées peuvent entraîner la formation de matériaux exotiques, dont la présence peut exiger une identification positive des matériaux (IPM) des métaux utilisés dans le réacteur, afin d’évaluer les dangers associés à ces matériaux à haute température.
L’usine doit également être bien aménagée, notamment avec des voies larges pour permettre l’accès aux services d’entretien et d’urgence. La salle de contrôle doit être résistante aux explosions et située à une distance sécuritaire du réacteur.
Le fonctionnement sécuritaire et efficace d’une usine de transformation du plastique en carburant repose sur la mise en place de systèmes d’exploitation, d’entretien et d’inspection adéquats. Les usines doivent respecter les codes et normes de la Health and Safety Executive (HSE) du Royaume-Uni. Cela inclut notamment des permis de travail spéciaux pour autoriser les travaux à chaud ou à froid, les travaux à chaud présentant un risque d’étincelles, les travaux en hauteur ou encore l’entrée en espace clos, entre autres. Dans le cadre de la pyrolyse, l’azote est utilisé pour créer une atmosphère inerte, ce qui est efficace pour prévenir les explosions. Les principaux dangers liés à ce procédé sont le risque d’asphyxie et la perte de l’atmosphère inerte, qui sont deux aspects couverts par les codes de la HSE.
Il doit avoir des procédures détaillées pour les changements de quart, comprenant notamment la tenue de registres détaillant le travail effectué par l’équipe précédente, l’état de l’équipement, les défaillances connues, ainsi que le statut des systèmes d’extinction d’incendie. La déclaration des incidents, comme les bris d’équipement ou les pertes de confinement, doit faire partie des pratiques courantes, et des systèmes doivent être en place pour assurer l’entretien des installations. Le personnel doit suivre des formations d’accueil pour comprendre les risques inhérents à l’usine et posséder les qualifications appropriées pour travailler sur le site.
Un incendie majeur peut survenir dans toute usine où des procédés de pyrolyse et de gazéification ont lieu. Certaines des pertes assurées les plus importantes dans le secteur des hydrocarbures se sont produites dans des installations traitant des produits plastiques. Des systèmes de contrôle et de sécurité adéquats doivent être en place, y compris des dispositifs de détection des incendies et des gaz, ainsi que des procédures d’arrêt sécurisé de l’usine en cas d’urgence.
La préparation passe notamment par l’élaboration d’un plan en cas d’incendie, un document regroupant l’information essentielle sur l’usine et couvrant divers scénarios. Ce plan peut inclure, par exemple, les exigences de l’usine en matière de quantité d’eau et de mousse extinctrice, l’emplacement des bornes d’incendie ainsi que la configuration du site. Les scénarios doivent être évalués régulièrement au moyen de tests intégrant des exercices inopinés. Les fuites doivent également être planifiées, en mettant en place des dispositifs de rétention des gaz et des incendies.
Les risques associés aux usines de transformation du plastique en carburant sont multiples, couvrant la responsabilité civile, les aspects environnementaux, la construction, l’exploitation, les biens, la responsabilité civile des administrateurs et des dirigeants ainsi que l’interruption des activités. Une évaluation indépendante de votre usine et de ses systèmes par un ingénieur permet de formuler des recommandations visant à atténuer les risques les plus importants. Par exemple, un examen de sécurité avant démarrage est effectué pour confirmer que tous les éléments pertinents de la gestion de la sécurité du processus sont bien pris en compte et que l’installation peut démarrer en sécurité.
Ce type d’examen contribue à établir un lien entre les ingénieurs en gestion des risques, les assureurs, les gestionnaires de risques, le client et le souscripteur. Des systèmes d’analyse comparative permettent également de situer le niveau de risque par rapport à celui d’usines similaires.
Pour les souscripteurs comme pour les courtiers, soutenir le développement de projets de transformation des déchets plastiques en carburant s’inscrit dans une volonté accrue de répondre aux préoccupations environnementales et d’accompagner les clients dans leur transition vers la carboneutralité.
Pour toute question concernant la production de carburants à partir de plastique, les risques associés et les mesures d’atténuation, veuillez contacter votre conseiller Marsh.
Vice-président, Énergie et électricité
Chargé de clientèle, Énergie et électricité
Chef de la direction, Énergie et électricité, Services spécialisés de Marsh