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Cinq aspects de la COVID-19 qui ont eu des répercussions sur les entreprises de construction

La pandémie de COVID-19 a plongé de nombreux entrepreneurs internationaux dans l’une des périodes les plus difficiles de leur histoire. Alors que des pays du monde entier commençaient à mettre en place des confinements et d’autres restrictions, les entrepreneurs ont dû s’adapter à des changements très rapides et plusieurs ont dû changer leur façon de travailler du jour au lendemain.

Selon GlobalData, la production du secteur mondial de la construction a dû chuter de 3,1 % en 2020, une nette révision à la baisse par rapport à l’augmentation de 3,1 % qui avait été prévue avant la COVID-19. On prévoit que la production aura subi une contraction de 7,3 % en Europe de l’Ouest, de 1,7 % en Amérique du Nord et de 0,9 % en Asie du Nord-est.

Durant tout ce temps, les entrepreneurs ont dû terminer leurs projets en cours et protéger leur personnel sur les sites, se conformer aux règlements gouvernementaux et aux restrictions en matière de déplacements et gérer les interruptions des chaînes d’approvisionnement et les suspensions de projets.

De plus, les différences dans les règles et restrictions appliquées dans différents pays ont contribué à exacerber ces défis.

Cependant, les entrepreneurs sont habitués à s’adapter rapidement et à mettre en œuvre diverses stratégies pour la poursuite de leurs activités, notamment lorsqu’ils se préparent à entreprendre de nouveaux projets, lorsqu’ils réduisent leurs activités dans certains secteurs ou lorsqu’ils doivent s’adapter à des modifications dans les échéanciers des projets. Cette souplesse a permis aux entreprises de construction de bien s’en sortir durant la pandémie et elle continuera à jouer un rôle essentiel dans le futur.

Vous trouverez ci-dessous cinq aspects associés aux récents changements qui pourraient être utiles aux entrepreneurs qui souhaitent relever les défis actuels et planifier leur croissance future.

1. Résilience, structuration des contrats et collaboration

L’impact de la COVID-19 a été immédiat. C’est comme si l’on avait coupé les vivres à certaines parties de l’entreprise et les approvisionnements vers les sites ont tout simplement cessé. En l’espace de trois à quatre jours, le travail à distance est devenu la norme, certains projets devant dorénavant être conçus à distance, obligeant ainsi les entrepreneurs à trouver de nouvelles façons de travailler pour garantir leur productivité.

Depuis mars, la collaboration a été de plus en plus forte au sein de l’industrie, notamment avec les syndicats, les fournisseurs et les agences gouvernementales. Un fort sentiment de solidarité s’est manifesté au sein de l’industrie, où chaque partie prenante a compris qu’elle avait un rôle à jouer pour atteindre l’objectif commun, c’est-à-dire réaliser des projets et maintenir les sites ouverts.

Il est plus important que jamais de travailler avec des partenaires stratégiques. Les entrepreneurs cherchent de plus en plus à établir des partenariats avec des clients qui offrent un meilleur équilibre entre les risques, avec lesquels il est plus facile de discuter de la structuration des contrats et qui possèdent des valeurs plus larges, semblables aux leurs, par exemple, sur les questions comme la diversité en milieu de travail, le bien-être et l’innovation.

Les entrepreneurs sont susceptibles d’être plus sélectifs au niveau des contrats qu’ils soumissionnent, des conditions qu’ils sont prêts à accepter et des partenaires avec lesquels ils sont prêts à travailler. Cette tendance était déjà présente avant la pandémie de COVID-19, mais elle s’est accentuée depuis. Les parties prenantes commencent à réévaluer la répartition de l’ensemble des risques pour leurs projets, y compris au niveau des contrats.

La pandémie a mis en lumière les nombreux problèmes potentiels découlant de l’approche du risque parfois appliquée dans l’industrie, où les risques sont transférés des clients aux concepteurs, des concepteurs aux entrepreneurs, et des entrepreneurs aux divers corps de métier. Cette approche entraîne souvent les entreprises plus petites et moins résilientes à accepter une part disproportionnée des risques associés à un projet.

À l’échelle mondiale, certains entrepreneurs veulent désormais réduire les risques encourus par leurs fournisseurs. Donc l’approche consistant à transférer les risques d’un maillon à l’autre de la chaîne d’approvisionnement, qu’il s’agisse de risques relatifs aux coûts, aux retards ou aux liquidités, pourrait bien devenir une chose du passé pour certains.

2. Gestion de la chaîne d’approvisionnement

Durant les premiers mois de la pandémie, de nombreux entrepreneurs n’ont pas été en mesure de se procurer certains matériaux de base, comme le sable, le ciment et les briques. Ils ont également été confrontés à une pénurie de main-d’œuvre. Par exemple, au Royaume-Uni, une pénurie nationale de plâtre a entraîné une augmentation significative des coûts de ce matériau durant une certaine période.

Pour de nombreux entrepreneurs, le fait de payer rapidement les fournisseurs s’est avéré critique et cette tendance devrait continuer à être prioritaire après la pandémie. Bien souvent, les sous-traitants de plus petite taille sont moins en mesure de supporter les risques. Le fait de les payer rapidement peut les aider à diminuer leurs difficultés liées aux flux de trésorerie dans un environnement en constante évolution où il est primordial de pouvoir s’adapter rapidement. Certaines pratiques, comme « l’affacturage inversé », qui permettent à de grandes entreprises de conclure des ententes avec des financeurs tiers afin de payer rapidement les factures de leurs fournisseurs moyennant certains frais, pourraient être réévaluées dans le futur.

Comme la plupart des entreprises, les entrepreneurs réévalueront la gestion de leur chaîne d’approvisionnement afin de réduire au minimum les risques d’interruptions futures. Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, de nombreuses entreprises cherchent à faire affaire avec un nombre plus restreint d’organisations partageant les mêmes valeurs. Elles chercheront également à savoir où sont situées leurs chaînes d’approvisionnement étendues (y compris, dans la mesure du possible, les fournisseurs de leurs fournisseurs), à les diversifier et à éviter d’avoir trop de fournisseurs concentrés dans un même endroit.

Certaines entreprises pourraient également chercher à faire affaire avec des fournisseurs plus près d’elles. Globalement, la création d’une chaîne d’approvisionnement flexible pouvant s’adapter rapidement pour permettre aux entrepreneurs de faire appel à d’autres fournisseurs sera essentielle après la pandémie.

3. Bilan et liquidité

Les liquidités et les flux de trésorerie ont joué un rôle essentiel au cours des derniers mois. Les entrepreneurs qui ont affronté la pandémie avec un bilan solide et un flux vigoureux de projets à réaliser ont généralement passé plus facilement à travers la récente crise.

Même avant la pandémie de COVID-19, de nombreux entrepreneurs étaient déjà très préoccupés par les coûts. La pandémie a exacerbé cette tendance et on accorde désormais encore plus d’importance au bilan et à la gestion du fonds de roulement. Les grandes entreprises de construction partout dans le monde ont subi de graves baisses de leur évaluation boursière durant la pandémie de COVID-19 en raison de l’environnement plus difficile et des perturbations majeures continues.

Certains signes positifs laissent présager un avenir plus radieux avec une liste bien garnie de projets dans un certain nombre de régions, en particulier des projets d’infrastructure. Les programmes de relance budgétaire des gouvernements tenteront de restaurer la confiance au sein du secteur alors que de nombreuses administrations publiques essaieront d’octroyer des fonds à l’avance pour des plans d’infrastructure. Mais, comme toujours, de tels projets devront être entièrement conçus et bien planifiés avant d’être réalisés sur les chantiers et livrés.

4. Diversification et innovation

Les entrepreneurs internationaux qui ont diversifié leurs modèles d’affaires dans différents marchés géographiques et divers secteurs d’activité ont généralement connu de meilleurs résultats durant la pandémie. C’est là une leçon que de nombreuses entreprises de construction internationales retiendront à long terme.

La diversification jouera un rôle encore plus important dans l’industrie et les entrepreneurs seront plus susceptibles d’explorer différents secteurs où travailler, surtout avec le ralentissement prévu dans un proche futur dans les secteurs résidentiel et du commerce de détail. Le commerce de détail, le secteur hôtelier et l’industrie des loisirs font partie des secteurs qui ont été les plus touchés et il est donc probable que des répercussions se feront sentir au niveau de la construction dans ces secteurs. L’immobilier commercial devrait également faire face à certains défis alors que la demande et les plans de conception pourraient nécessiter certaines adaptations.

De façon plus générale, ce sont les pratiques environnementales, sociales et de gouvernance d’entreprise (ESG) qui continueront de stimuler l’innovation au sein de l’industrie. La numérisation continuera également d’être un pilier stratégique clé pour de nombreux entrepreneurs.

Dès le début de la pandémie, les entrepreneurs ont commencé à réfléchir à d’autres façons de travailler et de demeurer productifs. Plusieurs entreprises ont mis sur pied de nouveaux groupes de travail pour comprendre les répercussions de la COVID-19 sur leurs activités et pour mettre en place de nouvelles méthodes de travail.

Par exemple, une coentreprise a adapté son organisation du travail pour y inclure des quarts de nuit, afin de compenser le faible nombre de quarts permis durant la journée. D’autres entreprises ont utilisé des codes QR pour faire le suivi des travailleurs sur les sites et savoir ainsi exactement quels étaient les travailleurs présents lors d’un incident lié à la COVID-19. D’autres ont installé des véhicules pour tester la COVID-19 sur leurs sites.

Un autre entrepreneur international a utilisé une peinture qui purifie l’air dans certains de ces sites. Il a été démontré que cette peinture élimine une certaine souche de coronavirus (bien que d’autres tests soient nécessaires). Cette peinture a également des propriétés antibactériennes et antimoisissures et elle purifie activement l’air en éliminant les polluants et les odeurs. Nous prévoyons que bien d’autres innovations semblables seront découvertes dans les mois à venir.

5. Cybersécurité

Le recours de plus en plus important au travail à distance en raison de la pandémie a généré divers problèmes de sécurité pour les entrepreneurs. Ils doivent notamment protéger les nouvelles options de connectivité déployées, tenir compte de la sécurité des appareils situés à l’extérieur des environnements de bureau sécurisés et assurer une meilleure gestion des politiques « Apportez votre équipement personnel de communication ».

Les entrepreneurs ont dû réfléchir à des façons d’identifier et d’autoriser les demandes de connexion entrantes provenant de différentes nouvelles sources, de verrouiller les postes de travail à distance névralgiques et de déployer une protection des terminaux pour s’assurer que les machines sont exemptes de logiciels malveillants.

Le recours plus important au travail à distance a également amené les entrepreneurs à utiliser de plus en plus les outils de collaboration et la technologie infonuagique, des technologies pour lesquelles la sécurité n’est parfois qu’un enjeu secondaire.

Pris ensemble, ces ajustements ont considérablement modifié l’architecture de sécurité des entrepreneurs et leurs répercussions pourraient bien se faire sentir encore durant de nombreuses années à venir. Les entreprises ont été poussées à accélérer leur transition vers les processus numériques, en apportant sur une période de six mois des changements qui auraient normalement pris de trois à quatre ans à mettre en œuvre, ce qui a souvent généré une « dette numérique ».

Autrement dit, de nombreuses entreprises ont accepté au cours des derniers mois de nouveaux cyberrisques, qu’elles en soient conscientes ou non. Cette exposition accrue au risque devra éventuellement être corrigée, sinon elle sera exploitée plus tard par des cybercriminels.

Même avant la pandémie, la confiance des entreprises en leur capacité de cyberdéfense n’avait jamais été à un niveau aussi bas, passant de 36 % en 2017 à 31 % en 2019, selon le Sondage mondial 2019 de Marsh et de Microsoft sur les cyberrisques.

Les entrepreneurs devraient songer à effectuer une évaluation de leurs risques après la pandémie de COVID-19 afin de mieux comprendre de quelle manière les changements apportés à leur organisation du travail ont pu affecter leur cybersécurité.

Regard vers l’avenir

La pandémie a, bien entendu, amené les entreprises à porter une attention particulière à leurs employés, et plus particulièrement à leur bien-être. Avant la pandémie, l’industrie de la construction présentait déjà des taux de divorce et de suicide supérieurs à la moyenne; la santé mentale devra donc demeurer une priorité pour l’industrie une fois que le pire de la pandémie sera terminé.

Sur une note positive, l’industrie pourrait utiliser les récents changements apportés aux méthodes de travail pour diversifier sa main-d’œuvre. La pandémie a forcé l’industrie à adapter rapidement et profondément ses méthodes du travail en faisant preuve de flexibilité et celle-ci s’en est très bien sortie. La capacité des entreprises de construction à s’adapter à ces changements de façon si rapide pourrait rendre l’industrie plus accessible et attrayante auprès d’un plus grand nombre de talents.

De façon plus générale, les entreprises qui relèvent les défis actuels en développant et en adoptant de nouveaux processus et de nouvelles capacités pour protéger leurs employés, en protégeant leurs projets futurs contre les perturbations, en se conformant aux réglementations et restrictions gouvernementales et en assurant une bonne gestion de leurs clients et fournisseurs seront plus en mesure de passer à travers cette crise et d’en sortir encore plus forts. La crise actuelle représente également une occasion d’apporter des changements positifs à long terme.