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Diversifier et transformer les chaînes d’approvisionnement en terres rares : un impératif stratégique

Les terres rares sont essentielles aux technologies modernes, mais la dépendance mondiale à la chaîne d’approvisionnement concentrée en Chine crée des risques importants. Il est donc crucial pour les industries et les gouvernements de diversifier et de renforcer ces chaînes d’approvisionnement pour une sécurité et une résilience accrues.

Les terres rares sont essentielles aux technologies modernes, mais la dépendance mondiale à la chaîne d’approvisionnement concentrée en Chine crée des risques importants. Il est donc crucial pour les industries et les gouvernements de diversifier et de renforcer ces chaînes d’approvisionnement pour une sécurité et une résilience accrues.

Les terres rares sont devenues indispensables à l’économie moderne, sous-tendant des technologies allant des téléphones intelligents et des véhicules électriques aux systèmes de défense avancés et aux centres de données. Malgré leur nom, de nombreuses terres rares sont relativement abondantes dans la croûte terrestre, mais leurs chaînes d’approvisionnement sont parmi les plus concentrées et les plus complexes au monde. Cette concentration, associée à aux récentes tensions géopolitiques et aux contrôles à l’exportation, a mis en évidence des vulnérabilités critiques qui menacent la stabilité de nombreux secteurs et organisations, se manifestant par des risques réglementaires, des perturbations de l’approvisionnement et une augmentation des coûts opérationnels. Pour les organisations qui dépendent directement ou indirectement des terres rares, la nécessité urgente de diversifier et de transformer leurs chaînes d’approvisionnement est évidente.

Une chaîne d’approvisionnement complexe et concentrée

La chaîne d’approvisionnement en terres rares implique de multiples processus complexes, notamment l’extraction, la lixiviation, le craquage thermique et le raffinage. Chaque étape nécessite une expertise et des infrastructures spécialisées, ce qui rend la chaîne d’approvisionnement coûteuse et difficile sur le plan technique. Actuellement, la Chine contrôle environ 70 % de l’exploitation minière mondiale des terres rares et 85 % de la capacité de raffinage. Cette concentration géographique crée un goulot d’étranglement, laissant le reste du monde fortement dépendant d’un seul pays pour ces matériaux critiques. Par exemple, l’Europe dépend à 98 % de la Chine pour ses terres rares, nécessaires à la fabrication de véhicules hybrides, de fibres optiques et à l’énergie nucléaire, et à 97 % pour le magnésium, un matériau essentiel à la fabrication aérospatiale et automobile.

La position de la Chine n’est pas seulement une réalité commerciale, elle sert également de levier stratégique. Souvent, les mesures prises par la Chine en matière de terres rares semblent reposer moins sur la valeur des minéraux eux-mêmes que sur des efforts visant à faire progresser des objectifs stratégiques bilatéraux ou multilatéraux plus larges, au-delà du marché des matières premières. Pourtant, le contrôle de ces matériaux critiques confère à la Chine une influence considérable sur l’offre et l’établissement des prix à l’échelle mondiale. Cette concentration signifie également que toute perturbation, qu’elle soit due à des changements politiques, à des événements climatiques, à des différends commerciaux ou à des réglementations environnementales, peut avoir des répercussions sur tous les marchés à travers le monde, entraînant des pénuries et une volatilité des prix.

Les contrôles à l’exportation et leur incidence mondiale

Ces dernières années, la Chine a utilisé les terres rares comme un puissant outil stratégique. Les tensions commerciales actuelles entre les États-Unis et la Chine ont mis cette question au centre de l’attention. En 2025, à la suite de l’annonce des droits de douane américains sur les produits chinois et de l’inscription de milliers d’entreprises chinoises sur une « liste d’entités » limitant leur accès à la technologie américaine, la Chine a réagi en imposant des contrôles à l’exportation et des exigences strictes en matière de concession de licences pour plusieurs terres rares et les aimants qui en sont issus. Elle a également suspendu l’exportation de technologies et d’équipements qui pourraient permettre à d’autres pays de développer leurs propres mines de terres rares, raffineries et installations de fabrication d’aimants.

Ces contrôles à l’exportation ont perturbé les marchés et les chaînes d’approvisionnement. Les entreprises européennes ont fait face à de longs retards et à de fortes hausses de prix en raison de la pénurie de matières premières, et certaines usines automobiles ont été menacées de fermeture.

Les secteurs concernés par ces contrôles sont vastes et essentiels : l’énergie, l’automobile, la défense, les semi-conducteurs, l’aérospatiale, les moteurs industriels et les centres de données d’intelligence artificielle dépendent tous fortement des terres rares. Le resserrement de cette chaîne d’approvisionnement a menacé les calendriers de production, fait grimper les coûts et suscité de sérieuses inquiétudes quant à la résilience des infrastructures vitales dans le monde entier.

En octobre 2025, la Chine a annoncé une suspension de 12 mois de certaines mesures de contrôle des exportations de minéraux critiques vers les États-Unis et l’Union européenne, à la suite d’un accord entre les États-Unis et la Chine. De plus, la Chine délivrera des licences générales pour faciliter l’exportation de minéraux critiques, comme le gallium, le germanium, l’antimoine et le graphite, qui sont essentiels à la production de semi-conducteurs, de composants électroniques et de technologies liées aux énergies renouvelables, y compris les batteries de véhicules électriques. Cette mesure profitera probablement aux utilisateurs finaux américains et à leurs fournisseurs mondiaux.

Malgré ce répit, les entreprises qui dépendent des terres rares d’origine chinoise demeurent vulnérables aux changements de politique.

Enjeux économiques et géopolitiques

Compte tenu de la position de la Chine dans le domaine des terres rares, les États-Unis et d’autres pays cherchent des moyens de réduire leur dépendance vis-à-vis des importations de terres rares.

Par exemple, les gouvernements encouragent les investissements dans les chaînes d’approvisionnement nationales en terres rares, simplifient les approbations réglementaires et favorisent les partenariats internationaux visant à renforcer la compétitivité. Le gouvernement américain a annoncé son intention d’investir directement dans l’industrie des terres rares et a signé des ententes avec le Japon, la Thaïlande, la Malaisie et l’Australie afin de stimuler les projets d’extraction et de traitement en dehors de la Chine.

Cela pourrait offrir aux sociétés minières et aux entreprises qui dépendent de leurs intrants de multiples occasions pour mieux sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement.

Cependant, certains analystes mettent en garde contre le fait que ces efforts ne permettront pas d’atténuer immédiatement les risques associés à la position de la Chine, compte tenu de l’ampleur et de la technicité de ses infrastructures existantes. Par exemple, le lancement d’un nouveau projet minier est un processus complexe qui peut prendre des années à découvrir, à développer et à construire. Il nécessite des capitaux financiers importants, un savoir-faire technique, des approbations de permis et des infrastructures solides. Le soutien du gouvernement peut être un facteur déterminant pour le financement, la mise en œuvre de réformes politiques, le soutien à l’élaboration de capacités de recherche et développement et d’autres mécanismes, tout en gérant les risques environnementaux et les relations avec les communautés.

Se préparer pour l’avenir

Les entreprises accordent une importance croissante à la sécurité et à la fiabilité de l’approvisionnement. Pour naviguer dans le paysage volatil d’aujourd’hui, les organisations doivent traiter de façon proactive leurs vulnérabilités en :

  • étendant leur visibilité au-delà des fournisseurs de premier niveau;
  • quantifiant et modélisant leur exposition aux droits de douane, aux événements climatiques, aux changements géopolitiques et aux risques politiques;
  • intégrant l’agilité dans leurs stratégies d’approvisionnement grâce à la prise de décision fondée sur la technologie.

Pour les sociétés minières, la résilience de la chaîne d’approvisionnement peut passer par la diversification des activités d’extraction et de raffinage dans d’autres régions, comme l’Amérique du Nord, l’Australie, l’Amérique latine et l’Afrique, ou par le recyclage des terres rares dans le but de récupérer des matériaux précieux à partir des déchets, ce qui réduit le besoin d’extraction primaire et atténue les effets sur l’environnement.

Des plateformes comme SentriskMC de Marsh, combinées à des évaluations spécialisées des risques, fournissent aux sociétés des informations approfondies sur la chaîne d’approvisionnement pour leur permettre d’apporter des réponses plus novatrices et plus rapides. Selon la Mise à jour sur le marché minier 2025 de Marsh, le secteur de l’assurance accorde également une plus grande importance aux risques liés à la chaîne d’approvisionnement lorsqu’il évalue la couverture des pertes d’exploitation indirectes. Cela souligne l’importance croissante pour les entreprises de donner la priorité aux efforts d’atténuation en conséquence.

À une époque où les terres rares sont l’épine dorsale des technologies critiques et la clé de la sécurité nationale et économique, leur approvisionnement sûr et durable est indispensable. Il est essentiel d’investir dans la résilience, la durabilité et les réseaux d’approvisionnement axés sur les données pendant cette période et au-delà.

Analyse approfondie de la chaîne d’approvisionnement

D’après l’analyse de SentriskMC portant sur des clients exerçant leurs activités dans un large éventail de secteurs et de zones géographiques, il est évident que les terres rares et autres minéraux critiques jouent un rôle important dans les chaînes d’approvisionnement en amont. Plus d’un tiers des clients de Sentrisk, issus de secteurs tels que l’aérospatiale et la technologie, les soins de santé et les biens de consommation, dépendent de minéraux critiques, dont plus de la moitié sont des terres rares. Cela souligne l’importance transversale et intersectorielle de ces éléments dans la fabrication et le développement de produits modernes.

L’un des principaux défis relevés est le manque de visibilité sur ces dépendances au sein des chaînes d’approvisionnement. Dans la majorité des cas, la dépendance aux terres rares et aux minéraux critiques n’est pas apparente au niveau des fournisseurs directs (niveau 1), mais apparaît plutôt en amont dans la chaîne d’approvisionnement, aux niveaux 2 et 3. Cette opacité peut entraver la capacité des entreprises à cerner, à évaluer et à atténuer les risques liés aux perturbations de l’approvisionnement, soulignant ainsi la complexité des chaînes d’approvisionnement mondiales.

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