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Une bonne dose d’incertitude : composer avec les droits de douane sur les produits pharmaceutiques

Comment relever les défis que posent les droits de douane pour l’industrie pharmaceutique.

En raison de la sensibilité des approvisionnements, des environnements de production et des transports, les incertitudes liées aux droits de douane peuvent poser des défis financiers et opérationnels complexes aux entreprises pharmaceutiques. Les droits de douane de 100 % sur les produits pharmaceutiques de marque ou brevetés importés aux États-Unis ont été suspendus dans l’attente des négociations en cours visant à conclure des ententes de prix. Bien que les détails ne soient pas clairs, tout changement de politique pourrait perturber la chaîne d’approvisionnement en produits pharmaceutiques mondiale, qui a toujours privilégié l’efficacité et l’accessibilité.

L’objectif déclaré de ces nouveaux droits de douane est de faire baisser les prix des produits pharmaceutiques en encourageant la production nationale. Cependant, cela pourrait avoir des conséquences imprévues, telles qu’une hausse des coûts, une complexité accrue et des risques réglementaires plus élevés pour les entreprises pharmaceutiques et les autres acteurs impliqués dans les tests, la fabrication, le conditionnement et la distribution des produits.

Aperçu des changements récents dans le commerce mondial des produits pharmaceutiques

Jusqu’à présent, des pays tels que les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Union européenne, le Canada et la Chine adhéraient à l’Accord sur les produits pharmaceutiques de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui n’impose aucun droit de douane sur les produits pharmaceutiques pour promouvoir l’abordabilité et l’accessibilité des médicaments.

Toutefois, en avril 2025, les États-Unis ont mis en place un droit de douane mondial de 10 % sur presque tous les produits importés, ce qui a eu une incidence sur les secteurs pharmaceutique et des soins de santé en augmentant les coûts des intrants essentiels tels que les principes actifs, les réactifs spécialisés, l’équipement de fabrication et les dispositifs médicaux. Parallèlement, une enquête au titre de l’article 232 a été lancée pour évaluer si les importations de produits pharmaceutiques et leurs ingrédients constituent un risque pour la sécurité nationale, d’autant plus que les États-Unis importent des principes actifs provenant de producteurs en Chine et en Inde.

Les médicaments concernés peuvent comprendre des traitements largement utilisés contre l’asthme, des thérapies contre le cancer et des médicaments amaigrissants, ainsi que certains vaccins. Les produits pharmaceutiques de l’UE et du Japon devraient être soumis à des droits de douane limités à 15 % en raison de leurs accords commerciaux spécifiques, ce qui reste important, mais bien inférieur aux 100 % proposés au niveau mondial.

Le lancement de TrumpRx, un site Web destiné directement aux consommateurs et proposant des médicaments à des prix négociés par le gouvernement, pourrait être le signe de négociations en cours. Pfizer a été la première société pharmaceutique à participer à cette initiative, réduisant le coût des médicaments et s’engageant à investir 70 milliards de dollars américains dans la fabrication aux États-Unis, en échange d’une exonération de droits de douane de trois ans sur ses produits. Un accord avec un fabricant de médicaments basé au Royaume-Uni prévoit également la vente de certains médicaments à prix réduit en échange d’un allègement des droits de douane. Toutefois, l’incidence de tous ces développements sur le prix des futurs médicaments commercialisés, tant à l’étranger qu’aux États-Unis, demeure incertaine.

Pour compliquer encore plus le tableau, une autre enquête au titre de l’article 232 a été lancée en septembre 2025 afin d’évaluer les implications en matière de sécurité nationale des importations d’équipement de protection individuelle (EPI), de produits consommables médicaux et de dispositifs médicaux. Étant donné que 75 % des dispositifs médicaux américains sont fabriqués à l’étranger, principalement en Chine, au Mexique et au Canada, de nouveaux droits de douane risquent d’augmenter les coûts et de causer des pénuries d’équipement essentiel. De plus, les droits de douane sur l’acier et l’aluminium pourraient perturber la production d’outils et d’équipement hospitaliers, ce qui mettrait encore plus à rude épreuve les chaînes d’approvisionnement.

Effets secondaires des droits de douane sur les chaînes d’approvisionnement de produits pharmaceutiques

Les droits de douane ont créé un environnement commercial plus complexe, restrictif, imprévisible et en constante évolution pour les sociétés pharmaceutiques exerçant leurs activités à l’échelle mondiale. Comme dans de nombreux autres secteurs, la stabilité et la sécurité du commerce et des chaînes d’approvisionnement des produits pharmaceutiques sont de plus en plus remises en question.

En général, les perturbations commerciales peuvent augmenter le risque d’interruptions d’approvisionnement, de retards de fabrication et de volatilité des coûts. Pour le secteur pharmaceutique, les effets peuvent s’étendre au-delà des inefficacités opérationnelles, retardant potentiellement l’accès des patients à des médicaments essentiels. À plus long terme, si les droits de douane peuvent encourager les investissements locaux, ils risquent également d’entraver l’innovation et la recherche, car les entreprises pourraient réduire leurs efforts et leurs budgets de recherche pour compenser les dépenses supplémentaires.

Même avant l’annonce des droits de douane, les importations américaines de produits pharmaceutiques ont bondi au premier trimestre de 2025. Tandis que les entreprises anticipaient ces droits, les importations de médicaments ont augmenté de 70 % et celles de produits pharmaceutiques de base de 493 %.

Cependant, plusieurs grands fabricants ont déclaré que leur exposition future aux droits de douane pourrait être limitée. Beaucoup d’entre eux fabriquent déjà des médicaments ou construisent des installations aux États-Unis au cours des années à venir, ce qui leur permet de bénéficier d’exemptions de droits de douane. C’est le cas notamment des entreprises européennes GlaxoSmithKline et Roche, qui ont fait part de leur intention d’étendre leurs activités de recherche et de production aux États-Unis. Néanmoins, étant donné que les entreprises pharmaceutiques mondiales exercent leurs activités dans plusieurs pays, les droits de douane supplémentaires pourraient perturber divers maillons de leurs chaînes d’approvisionnement complexes.

Quatre mesures pour atténuer stratégiquement les risques liés aux droits de douane sur les produits pharmaceutiques

Compte tenu de la complexité croissante des répercussions des droits de douane, les développeurs et les fabricants de produits pharmaceutiques doivent évaluer leurs activités dans le but de protéger la continuité, de contrôler les coûts et de maintenir l’accès des patients.

Afin de relever plus efficacement les défis posés par les droits de douane sur les produits pharmaceutiques, voici ce que les entreprises devraient envisager de faire :

1.     Mettre en œuvre des stratégies de réduction des coûts : les droits de douane peuvent augmenter les coûts de développement des médicaments à la fois directement, par exemple en augmentant le coût des intrants, et indirectement, en ajoutant des coûts cachés comme des frais de douane plus élevés, des charges administratives accrues et une logistique d’importation plus complexe. Un examen complet de vos activités peut vous aider à déterminer les domaines dans lesquels les coûts peuvent être réduits. Les mesures peuvent inclure l’optimisation des processus de production, la transition vers des modèles d’approvisionnement axés sur le marché intérieur ou l’investissement dans des capacités de fabrication basées aux États-Unis pour réduire la dépendance vis-à-vis des fournisseurs internationaux. Il faut garder à l’esprit que ces compromis pourraient avoir une incidence sur les initiatives de durabilité environnementale, la qualité des produits, la disponibilité des compétences, les risques de concentration des fournisseurs et les stratégies globales d’approvisionnement.

2.     Diversifier les chaînes d’approvisionnement : pour certains produits, lorsque les matières premières, les composants et les technologies spécifiques ne sont disponibles qu’auprès d’un nombre limité de sources mondiales, la concentration géographique peut créer des vulnérabilités critiques. Réduire la dépendance à l’égard de certains pays ou fournisseurs soumis à des droits de douane plus élevés peut contribuer à atténuer les risques liés aux tensions géopolitiques et aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement. La diversification de vos chaînes d’approvisionnement peut inclure l’adoption d’une stratégie d’approvisionnement multirégionale, la conclusion de partenariats avec des fournisseurs situés dans différentes régions géographiques et la délocalisation de proximité ou la relocalisation de la production afin de réduire la dépendance à l’égard de sources ou de régions uniques.

3.     Évaluer les risques : étant donné l’imprévisibilité de la politique commerciale mondiale, les perturbations liées aux droits de douane peuvent être considérées comme s’inscrivant dans une tendance de perturbations persistantes. Pour les entreprises pharmaceutiques, les risques opérationnels sont particulièrement aigus en raison de la complexité de leur chaîne d’approvisionnement, de leur flexibilité souvent limitée en matière d’approvisionnement, de leurs besoins de manutention spécialisés, de la longueur des processus et des exigences réglementaires. Avec l’aide de nos spécialistes et en s’appuyant sur les connaissances fournies par la plateforme de visibilité de la chaîne d’approvisionnement Sentrisk de Marsh McLennan, les entreprises pharmaceutiques peuvent analyser leur risque lié aux effets des droits de douane et cerner leurs vulnérabilités critiques. De plus, la modélisation de scénarios à l’aide de notre simulateur de droits de douane permet aux entreprises de quantifier les répercussions potentielles sur les stocks, les délais de livraison et les calendriers de production, ce qui facilite une prise de décision éclairée.

4.     Mettre en œuvre des solutions de gestion des risques : la recherche de solutions d’assurance, par exemple celles qui couvrent les risques d’interruption des activités résultant de pertes ou de dommages matériels, peut potentiellement atténuer les répercussions associées aux risques liés au commerce et aux droits de douane. L’utilisation d’un cadre de gestion des risques peut également aider les sociétés à mieux anticiper, à se préparer et à réagir aux changements.

Immuniser votre entreprise

Les droits de douane représentent un défi complexe et évolutif pour les secteurs pharmaceutique et des soins de santé, avec des implications potentielles importantes pour les coûts, les chaînes d’approvisionnement et la santé des patients. Pour naviguer avec succès dans ce paysage, il faut faire preuve de prévoyance stratégique, de collaboration et de résilience.

Marsh est prête à aider les entreprises pharmaceutiques à comprendre et à atténuer les risques liés aux droits de douane grâce à des analyses avancées, des conseils spécialisés en gestion de risques et des solutions d’assurance sur mesure. En comprenant les risques et en mettant en œuvre des stratégies d’atténuation proactives, les parties prenantes peuvent mieux contribuer à préserver l’intégrité et la sécurité des soins de santé dans un environnement mondial incertain.


Les renseignements contenus dans cet article sont considérés comme fiables à la date du 20 octobre 2025.

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