Bien entendu, des pertes et des quasi-accidents en amont notables se sont produits au cours des deux dernières années, notamment en Malaisie, dans la mer du Nord et aux États-Unis. Au moment de la publication, aucune de ces pertes n’était évaluée à plus de 189 millions de dollars américains de dommages matériels, montant qu’il faut atteindre pour être admissible au classement 100LL. Cependant, il convient de noter que les huit années d’absence d’entrées allant de 1993 à 2001 ont été suivies d’une période subséquente de 15 ans qui a enregistré 14 entrées dans le classement. Cela renforce l’importance de maintenir de solides protocoles de gestion des risques et d’atténuer efficacement la complaisance qui s’insinue dans la psyché collective de l’industrie. De même, le taux d’événements liés à la sécurité opérationnelle de niveau 1 au cours de la dernière décennie est demeuré quelque peu constant[4], ce qui souligne qu’il reste encore des améliorations à apporter aux pratiques de travail sécuritaires dans le secteur en amont.
La question est de savoir si, ou quand, les événements de cyberattaque figureront au classement 100LL
À l’heure actuelle, aucune des entrées dans le classement ne découle directement d’une cyberattaque, et il sera intéressant de voir si cela changera au cours des prochaines années. En mai 2021, nous avons constaté l’effet de l’attaque par rançongiciel sur le Colonial Pipeline, l’une des plus importantes cyberattaques de l’histoire des États-Unis. Ces attaques qui ont été rendues publiques ont été menées contre des infrastructures essentielles du pays. Bien qu’il n’y ait eu aucun dommage matériel direct attribuable à cet incident, celui-ci a eu une incidence sur les activités de la société et a sonné l’alarme pour les gouvernements, les organismes de réglementation et les collectivités. Pour le moment, il semble que l’objectif des auteurs de cyberattaques soit de perturber plutôt que de détruire. Cela dit, le maliciel Triton, qui vise précisément à ouvrir une brèche dans les systèmes de contrôle de la sécurité, et le maliciel Stuxnet, qui cible les systèmes de contrôle de la surveillance et d’acquisition de données, servent tous deux à rappeler que les cyberattaques peuvent donner lieu à d’importants dommages matériels et à la perte de vies.
Conclusion
Au cours des deux dernières années, on a constaté une réduction significative du nombre de nouvelles entrées dans le classement 100LL, par rapport à l’histoire récente, et l’industrie de l’énergie mérite certainement des félicitations. Toutefois, il est peut-être prématuré de conclure qu’il y a eu une amélioration fondamentale des pratiques d’exploitation, d’inspection ou d’entretien, ou de la maturité globale de la gestion des risques, car cette amélioration du rendement peut être attribuée, du moins en partie, à une diminution de l’activité sur site, ou à des mesures opérationnelles à court terme mises en place en réponse à la pandémie de la COVID-19. Les risques à long terme associés à la pandémie restent à voir, et les risques liés à la cybersécurité demeurent un sujet de préoccupation croissant.